dimanche 19 juin 2011

Chantier


Depuis combien de temps ce chantier ou cet atelier est-il ainsi ?

Isolés sur une île ligérienne, les castors ont rongé, rongé, rongé...
Mais, errants un soir, nous pouvons poser le pied sur l'ouvrage inachevé,
Et prendre le cliché des travaux.

Rien à voir avec ce blog laissé à l'abandon depuis plus d'un mois : aucune date n'est gravée sur ces troncs, et à moins d'une surveillance fastidieuse, les castors nous laisseront avec nos questions (: le chantier est-il abandonné ? Sera-t-il au contraire repris sitôt oubliée la présence humaine importune ?)
En ce sens le castor est plus libre que le blogueur.

Ce qui est en outre remarquable chez le castor, c'est qu'il se repaît des écorces : il se nourrit en bâtissant. Un autre avantage sur le blogueur qui, s'il peut émietter son repas sur son clavier, doit au moins quitter son écran, son atelier, pour aller en quête de nourriture.

Pour autant, le castor, comme le blogueur, dort parfois, et, comme lui, interrompt son travail (au moins pour un sommeil réparateur).

Et ce travail connaîtra d'autres arrêts, d'autres pauses, d'autres césures.
Et la pause (comme la césure) fait partie de l’œuvre : maturation, production, contemplation, destruction réparation (voire reconstruction ?)... Autant de pauses : "solutions de continuité" .

Mais pendant ces temps morts, que voit-on ?
On ne voit pas celui qui œuvre.
Et on ne voit pas encore l'œuvre.
L'essentiel paraît s'être absenté.
Il n'y a, à proprement parler, rien à voir que les travaux eux-mêmes, et encore : interrompus - c'est-à-dire rien de vraiment affirmatif, du "pas-fini", du "pas-pour-l'instant", ou, au mieux, du "presque", du "pas-encore", du "pas-déjà".
Alors passons sur l'absence qui n'est que l'horizon d'une présence - passée (ce qui est fait, inachevé, par celui qui fait) ou future (l’œuvre - que seule parfois la contingence, et peut-être la lassitude, achèvent).

Faut-il alors ralentir ? Ralentir : Travaux ?
Pourquoi pas admirer la tambouille laissée là en proie aux mouches ?
Mais pourquoi pas, au contraire, accélérer : pardonner le temps, en faire grâce, passer ?

Accélérer : Travaux !
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